Delhi, Inde

Photographies
1970
23,2 x 31,2 cm
Tirage Fresson
Dehli, Inde
Légende

Delhi, Inde 1970 Bernard Plossu

Titre de l'alerte Œuvre non exposée actuellement

Si Bernard Plossu (né en 1945) a finalement fait le choix du noir et blanc au milieu des années 1970, c’est en couleur qu’il fait ses premières armes photographiques. En 1965, sept ans après sa découverte du médium lors d’un voyage dans le Sahara avec son père, il forge son style dans les forêts du Chiapas (Mexique). Loin de véhiculer un message ou de prétendre documenter quoique ce soit, ses photographies sont prises au gré de ses errances comme des souvenirs sans légendes. En 1966 il rejoint la Californie par la route, où il tourne son objectif vers les hippies de San Francisco et Big Sur. Les quêtes spirituelles animant cette contreculture le mènent jusqu’en Inde en 1970.


Dès son arrivée à New Delhi, Bernard Plossu se mêle à des milliers de sâdhus rassemblés pour une fête religieuse et réalise de nombreux portraits de ces saints pèlerins, à propos desquels il écrit : "leur regard envoie des vibrations de paix, de calme et d’apaisement ; on a l’impression qu’ils ont "tout" compris." Bernard Plossu est aussi captivé par le vieux Delhi, où il prend cette photographie qui superpose aux passants les lignes droites dessinées par les mâts et les cordes du premier plan. Ni documentaire, ni abstraite, cette image introduit une tension entre deux plans de natures opposés, comme un oxymore visuel entre la vie et la géométrie inattendue de l’espace où elle se déploie. Autour du cadre surgissent les trous de pignon permettant de guider la pellicule dans l’appareil, comme pour rappeler la nature interprétative de l’image photographique. Ce tirage est un bel exemple de l’esthétique développée par Plossu pour transcender la banalité, un motif qui traverse alors de nombreuses avant-gardes photographiques comme le travail de Daido Moriyama ou celui de William Eggleston.

Pour Bernard Plossu comme pour de nombreuses personnes en quête de sens dans un Occident en plein bouleversement social et politique, l’Inde est un "voyage initiatique", un "retour aux sources". Si la démarche paraît alors neuve pour beaucoup, elle s’inscrit en réalité dans l’histoire séculaire d’une fascination européenne pour l’altérité du sous-continent et de ses mœurs. Après Delhi et les sâdhus, Plossu se rend à Goa, où convergent tôt ou tard les hippies dont la soif de spiritualité les a conduits en Inde. Leur existence insouciante sur la plage de Calangute devient le sujet d’un reportage publié dans Rock & Folk en juillet 1970.

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