Porte en ivoire

Monde indien
Fin 18ème - début 19ème siècle
172 x 92,5 x 4,5 cm
Bois
Porte en ivoire
Titre de l'alerte Œuvre exposée actuellement au Musée Guimet - Iéna

De nombreuses mentions, relevées dans les textes anciens de l’Inde – et jusque dans les témoignages plus récents de voyageurs européens font état des usages variés de l’ivoire, lequel était utilisé tant pour la confection de petits objets que dans le décor mobilier ou même architectural.

Si l’on connaît aujourd’hui des palanquins ou des howdahs en ivoire ou en marqueterie d’ivoire et quelques rares exemples de sièges entièrement constitués de plaques d’ivoire sculptées (Inde du Sud, vers 1820-1830), seules deux portes en ivoire sont attestées  – dont l’une, présumée provenir de l’ancien palais royal de Mysore (détruit par un incendie en 1897), a été depuis lors démantelée et les huit panneaux sculptés dont elle était ornée dispersés dans diverses collections publiques et privées.

C’est assez dire le caractère exceptionnel de l’impressionnante porte en dont les huit panneaux historiés, enchâssés au sein de frises et de rosettes finement ouvragées, figurent des personnages royaux ou princiers se livrant, en galante compagnie, à divers jeux amoureux. Le caractère chastement érotique des huit scènes représentées s’inscrit pleinement dans le répertoire iconographique des ivoires de l’Inde méridionale et contraste avec l’érotisme plus cru caractérisant notamment, dès le 13ème siècle, les ivoires de l’Orissa. Quant au turban de style marathe arboré par cinq des huit protagonistes masculins – et dont le port ne se répandit en Inde du Sud que dans les dernières décennies du 17ème siècle –, il constitue un élément permettant de dater du 18ème siècle, voire du tout début du 19ème siècle, le décor de la porte. Parfaitement représentative de l’opulence décorative des palais indiens, cette spectaculaire porte en ivoire manifeste également, non sans éclat, l’extraordinaire virtuosité des ivoiriers de l’Inde – virtuosité attestée tout au long des siècles et dont le remarquable ensemble d’ivoires gravés et sculptés du "trésor de Begram" (Afghanistan, 1er siècle) constitue assurément le témoignage le plus ancien et le plus précieux.

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