Paravent aux grues Langweil

Chine
dynastie Qing (1644-1911), règne de Kangxi (1662-1722), daté 1691
320 x 624 cm
bois, laque polychrome dit « de Coromandel »
Image d'un large paravent avec décor de grues
Légende

 

Photo (C) RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Jacques L'Hoir / Jean Popovitch

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Paroi mobile employée pour aménager l’espace des intérieurs chinois dépourvus de cloisons, le paravent sert à délimiter la sphère publique de la sphère privée et à magnifier la place d’honneur.

À partir du 17ème siècle, les grands paravents (composés de huit à seize feuilles, souvent douze) représentaient un cadeau de prestige au sein de l’administration impériale pour commémorer un évènement important dans la vie et la carrière de la personne à laquelle il était destinée (promotion, départ en retraite ou anniversaire de plus de 60 ans). Le revers était alors couramment revêtu d’une inscription commémorative suivie des contributeurs.
Le terme de Coromandel fait référence à la côte orientale de l’Inde où les spectaculaires paravents laqués chinois étaient acheminés sur des jonques avant d’être embarqués à bord des navires de la Compagnie des Indes à destination de l’Europe.

Du point de vue de la technique, ces œuvres souvent monumentales, étaient réalisées à partir de panneaux de bois assemblés et enduits, avant d’être laqués selon un procédé connu en Chine sous le nom de kuancai (" [laque] évidé et polychromé "). Ce dernier consiste à inciser profondément le fond de laque uni – généralement brun ou noir –, en évidant complètement certaines zones qui reçoivent par la suite un décor polychrome, parfois rehaussé de dorure, réalisé en divers matériaux : laque colorée, mastic, plâtre mais parfois aussi en nacre.

Cet exceptionnel paravent à douze feuilles présente un motif de paysage dans lequel on peut admirer huit grues parmi les pins, sous un ciel empli de nuages aux cinq couleurs. Les oiseaux, en vol, sont prêts à se poser, ou déjà au sol, dorment la tête enfouie sous l’aile, s’apprêtant à cueillir un champignon ou chantant à l’approche de leurs congénères. La sobriété et l’élégance de ce motif encadré par une simple frise géométrique met en valeur le fond de laque brun brillant. L’inscription qui figure au revers de la pièce, révèle que l’œuvre a été offerte en 1691 à une certaine Madame Gan à l’occasion de son anniversaire, et explique le choix de ce thème de bon augure, porteur du vœu de longévité parfaitement choisi.

Florine Langweil (1861-1958), marchande et collectionneuse avisée d’art d’Extrême-Orient, n’a jamais voulu se séparer de ce paravent qu’elle a conservé toute sa vie. À sa mort, elle le lègue finalement au musée Guimet qui s’était chargé de l’abriter durant l’Occupation.

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