Le Bouddha suprême Vajrasattva et sa parèdre

Monde himalayen
Première moitié du 13ème siècle
59,60 x 51,30 cm
Détrempe sur toile
Légende

Photo (C) RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Titre de l'alerte Œuvre exposée actuellement au Musée Guimet - Place d'Iéna

Les différents courants du bouddhisme tantrique placent au sommet de leur panthéon une catégorie d’entités spirituelles représentant l’essence suprême de l’enseignement bouddhique. Vajrasattva "l’Être adamantin", c’est-à-dire "Celui dont l’essence est le diamant", est l’une d’entre elles.

Collectivement désignées sous l’appellation d’adibuddha, "Bouddha du commencement", ces déités peuvent être considérées comme la manifestation d’un Bouddha primordial, immanent et transcendant, duquel procède l’ensemble de la doctrine révélée en notre ère par le Bouddha historique Shakyamuni. Dans le monde himalayen, Vajrasattva est plus spécifiquement perçu comme la personnification de la pureté fondamentale de l’esprit. Entouré ici de huit bodhisattva, Vajrasattva enlace de son bras gauche la taille de sa parèdre, assise à son côté. Il tient en main les deux objets les plus essentiels à sa fonction. Le vajra "foudre-diamant", symbole masculin représentant la nature indestructible de l’Éveil, mais aussi la Compassion, apparaît dans la paume de sa main droite ; la ghanta "clochette", symbole féminin de la Sagesse, est tenue dans sa main gauche, appuyée sur la cuisse au niveau de la taille.

Cette peinture, l’une des plus anciennes de la collection himalayenne du musée, révèle la très forte dette de l’art tibétain à l’égard du vocabulaire stylistique et iconographique de la dynastie bouddhiste des Palas, prospère au nord-est de l’Inde et au Bangladesh entre le 8ème et le 12ème siècle : lignes fluides et sinueuses des corps, par ailleurs fort peu réalistes dans leurs proportions, visages aux contours anguleux, palette contrastée où dominent les tonalités de bleu, de rouge, de jaune et de blanc, modelé obtenu par la juxtaposition de tonalités plus ou moins denses dans chaque gamme chromatique.

D’un point de vue typologique, cette peinture, à laquelle manquent les parties hautes et basses où figuraient à plus petite échelle d’autres divinités et divers personnages religieux, appartient à la catégorie des thangka, "chose que l’on déroule". Ces œuvres, à la fois support de méditation et d’enseignement, jouent un rôle important lors des rituels. Traditionnellement peints sur toile de coton, parfois sur soie pour certaines pièces exceptionnelles, les thangka tibétains sont élaborés selon un cheminement complexe : de la réalisation du dessin, selon des règles iconométriques et iconographiques précises, à la mise en couleur au moyen de pigments essentiellement minéraux. Traditionnellement, la peinture est complétée par un montage consistant, pour les exemples les plus anciens, en deux bandes de textile de forme trapézoïdale, cousues en haut et en bas, puis munies de bâtons permettant d’assurer la planéité de l’œuvre lorsqu’elle est suspendue et exposée au regard du pratiquant ou facilitant son enroulement lorsqu’on ne s’en sert pas.

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