Coupe en jade dite "coupe Mazarin"

Chine
16ème siècle
4,7 x 13 cm
Jade blanc
Image d'une coupe à anses en forme de dragon
Légende

 

Photo (C) RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Titre de l'alerte Œuvre exposée actuellement au Musée Guimet - Place d'Iéna

Cette pièce très importante, archaïsante et maniérée, constitue un témoignage de la sculpture des Ming.

Il s’agit d’une coupe circulaire montée sur un petit pied bas. Le jade blanc translucide et veiné confère sa sensualité à un décor composé de deux dragons zhi affrontés qui forment les anses. Gueules et pattes sont agrippées au rebord tandis que les corps arc-boutés dessinent des volutes sur les flancs. De fines incisions et des gravures en boucles suggèrent le pelage sur le corps et sur les pattes et indiquent une certaine recherche de réalisme. Par leurs mouvements parfaitement symétriques, ces deux dragons-anses animent la coupe de courbes et de contre-courbes.

Le jade, matériau extrêmement dur, émousse la plupart des outils en métal. L’abrasion de cette pierre à l’aide de sable quelquefois mouillé d’eau constitue le secret invariable de ce travail qui nécessite des instruments tels que scies, meules d’émeri et forets.

Ce type de pièce archaïsante était destiné à l’usage des cabinets de lettrés. En effet, depuis l’époque Song (960-1279), le goût de l’élite pour les antiquités impliquera le retour du jade accompagné d’un répertoire décoratif antiquisant, tel le dragon zhi présent sur les jades de l’antiquité, qui perdurera sous les Ming. Cependant des formes fluides nouvelles qui célèbrent les veines lumineuses contenues à l’intérieur des gemmes seront préférées par les commanditaires.

Le traitement maniériste de cette coupe sera repris par les potiers de Dehua, initiateurs des célèbres Blancs de Chine très prisés par les occidentaux aux 17ème et 18ème siècles. Cette pièce est le témoin de du prestige que l’on accorde en Europe à ces œuvres en jade. Après avoir été intégrée aux collections du Cardinal Mazarin (1602-61), elle figura dans l’inventaire du roi Louis XIV au numéro 80.

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