Dans le cadre de la quatrième édition du Prix de littérature Émile Guimet, les dix ouvrages suivants ont été sélectionnés. Parmi ceux-là, cinq seront choisis par le comité de lecture au mois de septembre pour constituer la sélection finale.

La grande traversée

de Shion Miura (auteure japonaise)

Majimé, jeune employé d’une maison d’édition, se voit confier la réalisation d’un nouveau diction­naire du japonais, un projet titanesque baptisé « La Grande traversée ». L’un des premiers termes sur lesquels il est amené à travailler n’est autre que le mot « amour ». Mais comment définir ce dont on n’a pas l’expérience ?

Actes Sud, traduit de japonais par Sophie Refle

Kim Jiyoung née en 1982

de Cho Nam-Joo (auteure coréenne)

Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d’un prénom commun – le plus donné en Corée du Sud en 1982, l’année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu’elle aime mais qu’il lui faut quitter pour élever son enfant. Et puis, un jour, elle commence à parler avec la voix d’autres femmes. Que peut-il bien lui être arrivé ?

Nil, traduit du coréen par Pierre Bisiou et Kyungran Choi

 

Quand le ciel pleut d’indifférence

de Shiga Izumi (auteur japonais)

Un homme parcourt les rues désertes et les jardins vides d’une petite ville proche de Fukushima, les poches remplies de nourriture pour les chats et les chiens livrés à eux-mêmes. Ce promeneur solitaire est revenu dans son pays natal pour prendre soin de sa mère, à la recherche de souvenirs éparpillés autour d’un amour d’enfance. Pour lui, la catastrophe a déjà eu lieu, il y a trente ans.

Picquier, traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu

Fuir et revenir

de Prajwal Parajuly (auteur indien)

Dans le but de célébrer le chaurasi de leur grand-mère Chitralekha – soit son 84e anniversaire, très important dans la tradition népalaise –, ses petits-enfants se rendent à Gangtok, dans l’État lointain du Sikkim, en Inde du Nord-Est. Agastaya débarque de New York. Bien qu’il soit un médecin reconnu de trente-trois ans, il redoute l’inquisition familiale qui s’annonce puisqu’il n’est toujours pas marié, et il est même terrifié à l’idée que la raison de son célibat soit révélée au grand jour. Le rejoignent Manasa et Bhagwati, qui arrivent l’une de Londres et l’autre du Colorado. La première est surdiplômée d’Oxford, la seconde est une fugueuse déshonorée par sa famille. Tous trois affichent le même objectif : sortir indemne du chaurasi de leur grand-mère – un objectif qui s’éloigne au fur et à mesure  qu’avancent les célébrations, d’autant plus qu’une servante acerbe et un quatrième invité inattendu se joignent à cette épique réunion de famille.

Emmanuelle Collas, traduit de l’anglais (Inde) par Benoîte Dauvergne

Tempête rouge

de Tsering Dondrup (auteur tibétain)

Lire Tempête rouge, c’est comprendre que l’on a entre les mains un texte exceptionnel. Exceptionnel par son sujet : ce roman raconte la révolte d’une communauté de pasteurs nomades contre l’impitoyable mainmise chinoise sur le Tibet, à la fin des années 1950. La population est décimée, les terres confisquées, les hommes emmenés en camp de travail forcé. Maladies, famine, violences, injustices. Vingt années noires de cauchemar.

Picquier, traduit du tibétain par Françoise Robin

Comme des lions

de Fatima Bhutto (auteure pakistanaise)

Anita vit dans le plus grand bidonville de Karachi. Grâce à son voisin, un homme âgé dont les étagères regorgent de livres, elle découvre un moyen de s’évader de son morne quotidien. De l’autre côté de la ville habite Monty, fils d’un père autoritaire et richissime qui possède la moitié de la ville. Mais Monty, troublé par l’arrivée d’une fille rebelle dans son école, s’écarte de la voie qui lui était toute tracée. Sunny, lui, est né en Angleterre où son père a émigré dans l’espoir d’une vie meilleure. Cependant, il ne s’intègre pas. Séduit par le charisme de son cousin revenu de Syrie, Sunny pense avoir enfin trouvé sa communauté.

Les Escales, traduit de l’anglais par Sophie Bastide-Foltz

Funérailles molles

de Fang Fang (auteure chinoise)

Le roman Funérailles molles aborde le sujet sensible et dérangeant de la Réforme agraire. Ayant précédé d’une dizaine d’années la Révolution culturelle, c’est l’un des épisodes les plus meurtriers de l’histoire récente du pays, très peu traité dans la littérature chinoise en raison des tabous qui lui sont attachés. Inspiré d’une histoire vraie, le récit part d’allusions voilées aux événements douloureux qu’a vécus une jeune femme et qu’elle a occultés sa vie durant car le souvenir en était insupportable. Devenue âgée, elle voit soudain le passé resurgir violemment et, le choc ayant provoqué chez elle un état d’apparente prostration, revit intérieurement à l’envers, étape par étape, les drames disparus de sa mémoire tandis que son fils s’évertue à les reconstituer — jusqu’au moment où il y renonce, l’oubli lui semblant préférable.

L’Asiathèque, traduit du chinois par Brigitte Duzan, assistée de Zhang Xiaoqiu

Miss Laila armée jusqu’aux dents

de Manu Joseph (auteur indien)

Un portrait cru et satirique de la classe politique indienne actuelle, électrisée par la peur du terrorisme. Alors que les nationalistes hindous, sous l’égide de leur leader Damodarbhai, sortent tout juste victorieux d’une élection nationale, un immeuble s’effondre dans l’un des quartiers pauvres de Mumbai. Coincé sous les décombres : un unique survivant, un homme en piètre état. Seule Akhila, étudiante en médecine, réussit à se glisser dans le tunnel étroit menant à la victime. Elle entend l’homme murmurer le pire : un certain Jamal serait sur le point de commettre un attentat tout près d’ici. C’est une course contre la montre qui commence afin de localiser le terroriste, tandis que les autorités s’interrogent sur la fiabilité des dires de la jeune femme : après tout, n’est-elle pas connue et crainte pour ses canulars sur les réseaux sociaux et ses critiques acerbes de la société ?

Philippe Rey, traduit de l’anglais (Inde) par Bernard Turle

Le jardin

de Hye-Young Pyun (auteure coréenne)

Ogui, paralysé et défiguré après un accident de voiture ayant causé la mort de sa femme, se retrouve enfermé chez lui sous la tutelle d’une belle-mère étrange. Cette dernière, qui de prime abord a tout d’une veuve respectable, le négligle peu à peu, le laissant affronter seul sa rééducation et le deuil de son épouse. Plus étrange encore, elle s’obstine à creuser un immense trou dans le jardin.

Rivages/Noir, traduit du coréen par Lim Yeong-Hee et Lucie Modde

Un parfum de corruption

de Liu Zhenyun (auteur chinois)

Niu Xiaoli est une jeune femme simple mais qui n’a pas froid aux yeux. Son père est mort lorsqu’elle était adolescente, sa mère a disparu, et il ne lui reste plus qu’un grand frère, garçon assez lâche, qu’elle veut marier à tout prix. Mais dans la campagne chinoise, les fiancées s’achètent à prix d’or et les arnaques sont monnaie courante. Et c’est par là que le scandale arrive : une fois passée la nuit de noces, la promise de son frère disparaît avec la dot. Prête à tout pour récupérer cette somme colossale et retrouver l’intrigante, Niu Xiaoli s’engage dans une traque sans merci qui la conduira bien loin de chez elle.

Gallimard, traduit du chinois par Geneviève Imbot-Bichet