La construction de l’hôtel
En 1913, l’architecte René Sergent (1865-1927), architecte très prisé de la haute bourgeoisie parisienne, se voit confier la construction d’un hôtel particulier dans le style du 18e siècle sur l’avenue d’Iéna. Les commanditaires sont un couple de riches américains, Alfred-Samuel Heidelbach (1851-1922), banquier et président de la chambre de commerce des États-Unis à Paris, et son épouse Julie Picard (1859-1932). Tous deux sont nés aux États-Unis au sein de familles juives d’origine allemande.
En choisissant Sergent, alors occupé à la construction de l’hôtel de Camondo (1911-1914) au parc Monceau, les Heidelbach optent pour un style inspiré du 18e siècle français, plus précisément d’Ange-Jacques Gabriel, Premier architecte du roi sous Louis XV. Amateurs d’art, les Heidelbach souhaitent pouvoir conserver là leurs magnifiques collections d’art décoratif du 18e siècle et de peintures dont des tapisseries qui ornaient les salles de réception du premier étage, la grande salle à manger – actuel salon Pelliot – et le grand escalier. L’hôtel est terminé en 1915 et devient un des très beaux témoignages de l’architecture néoclassique parisienne.

Le salon Pelliot © Stéphane Ruchaud
L’histoire du lieu
Alfred Samuel Heidelbach profite peu de sa résidence, il meurt en 1922. Une partie de ses collections est cédée au musée des Arts décoratifs, le reste est dispersé en vente publique après la mort de Julie Picard. Six cent cinq pièces rejoignent en 1934 le musée des Arts décoratifs, cent trente-neuf pièces chinoises et quarante-cinq d’origine européenne sont laissées aux héritiers.
Le bâtiment est acheté par la Caisse des dépôts en 1939. Pendant l’occupation, l’hôtel d’Heidelbach sert de caserne aux ordonnances de l’hôtel Majestic. En 1947, la direction des Musées de France prend enfin possession de l’immeuble. Le bâtiment, acquis par le ministère de l’Éducation nationale en 1955, a été finalement attribué au musée Guimet et rénové en 1991. Lors de la rénovation est inauguré le Panthéon bouddhique, souhaité par Émile Guimet, et en 2001, l’hôtel est enrichi d’un authentique Pavillon de thé dressé à l’arrière du bâtiment, dans le jardin de style japonais.
En 2015, le Panthéon bouddhique est rapatrié au musée et, depuis juin 2017, l’hôtel restauré accueille un nouveau projet muséal autour du thé et du mobilier.