Cette base de pipe à eau (huqqa) en bidri présente un décor floral de pavots et d’iris, encadrés dans les parties supérieures et inférieures de frises géométriques. Ces motifs sont nettement stylisés, conformément à la tradition musulmane préférant les thèmes floraux abstraits ou calligraphiques aux représentations d’animaux et d’êtres humains. L’ornementation des pièces de cette période sacrifiait le plus couramment les arabesques à un agencement plus symétrique, fait d’équilibre et de sobriété, et dénotant un sens aigu du volume. L’élégance particulière à cette production joue sur l’opposition entre le décor chatoyant des métaux incrustés et la couleur noire du fond. Quant à la forme en cloche de ce huqqa, elle résulte d’une évolution qui eut lieu vers les années 1730-40, et succède à la panse sphérique qui était en vogue durant les époques antérieures.

Le terme bidri désigne le travail du métal de la ville de Bidar. Ce travail du métal utilise la fonte à la cire perdue pour l’élaboration de la forme qui est en général décorée d’incrustations d’argent ou de laiton sur un fond noirci à base d’argile rouge mêlée de résine. Le début du XVIIIe siècle marque une transformation importante dans l’art du bidri, caractérisée par une meilleure finition et une fiabilité supérieure quant à la tenue des incrustations métalliques, et par un meilleur lissage des surfaces. La ville de Bidar fur le siège d’un sultanat musulman du Deccan, situé au sud des régions dominées par les Moghols. Cette cité devint, dès le XVe siècle, le centre principal de la production d’oeuvres métalliques indiennes, dont les techniques de création dérivent souvent des productions persanes à décor incrusté d’argent et d’or.