Ce thang-ka montrant le Buddha suprême, ou Vajrasattva, considéré comme divinité suprême par les moines de l’ordre dKa’-gdams-pa, représenté traditionnellement avec son épiderme bleue. Il tient les deux objets rituels principaux de la liturgie lamaïque, le « foudre-diamant » (vajra) et la clochette. L’exécution des vêtements et des bijoux, les visages et le corps géométriques, la stylisation de la joaillerie, le traitement caractéristique des arbres dominant les bodhisattva assistants et le modelé très doux des formes par cernes concentriques rappellent les miniatures pâla-sena (VIIIe-XIIe siècle) de l’Inde ; c’est effectivement de ce proche voisin que provient l’essentiel de l’inspiration artistique au Tibet.

Ces thang-ka ou « objet que l’on déroule » sont peints sur des toiles de lin ou de coton, et parfois sur soie. L’artiste base la construction de son dessin sur un réseau de lignes géométriques, et fixe les formes définitives par des contours noirs ou rouges. Ceux-ci seront totalement recouverts de couleurs, essentiellement d’origine minérale. La partie de l’oeuvre peinte est ensuite encadrée d’une riche monture de soie qui permet de la rouler. Cette pièce est en fait une copie ancienne d’après un original indien antérieur au XIIème siècle. Bien que les oeuvres peintes soient les plus répandues, le terme thang-ka englobe toutes les images pieuses en deux dimensions quelle que soit sa technique. Elles sont une des composantes qui accompagnent le rôle politique et culturel fondamental que les ordres religieux jouent au Tibet central et méridional à l’époque.

Texte d’après G. Béguin.