Cette grande plaque en néphrite vert, comportant quelques traces de dépôt d’enfouissement et légèrement calcifiée par endroits, représente un dragon tête retournée. La large courbe en « U » de son corps sinueux occupe le centre du motif en silhouette. Tout en courbes et contre courbes, le dessin est puissant et d’une symétrie savamment orchestrée. Une simple ligne incisée suit les contours du corps du dragon tandis que sur la queue et les pattes très stylisées, plus nombreuses, elles accentuent la dynamique du dessin, en fort contraste avec le semis régulier des points en forme de « grain qui germe » qui ornent le corps. Un trou de suspension est placé au sommet de la courbe en « U ».

Ce type de plaques apparaît à l’époque des Royaumes combattants, et fait suite à l’essor nouveau des ornements en jade stimulé par les contacts de plus en plus fréquents avec les peuples des frontières nord-ouest de la Chine, exportateurs de ce précieux matériau extrait à Khotan en Asie centrale. L’épuisement des ressources indigènes à l’époque des Zhou de l’Ouest avait en effet réduit la production des jades rituels au profit des parures. Cette tendance, imposée par les circonstances, ne sera pas modifiée par les importations car aux anciennes fonctions du jade se sont ajoutées celles de talisman d’immortalité et de symbole de la vertu d’humanité. Le motif du dragon, animal emblématique de l’est, du renouveau de la nature et de cette même vertu, devient alors omniprésent.

Le décor en boucles, dit « vers à soie » puis, « grain qui germe » est une invention du royaume de Chu, de même semble-t-il, que ce motif particulier du dragon dont plusieurs exemplaires proviennent de tombes de l’Anhui et du Hubei.