A l’époque Ming, les livres imprimés et encyclopédies offrent un remarquable choix de modèles picturaux ou bien de reproductions d’objets d’autrefois. Les artistes y puisent largement mais, s’ils sont nombreux à satisfaire au goût de l’antique qui connaît un exceptionnel regain dans la haute société, certains s’affranchissent de cette mode et leurs productions, purement esthétisantes, viennent orner la table du lettré pour sa délectation personnelle. L’art du jade connaît en effet un développement spectaculaire à partir de cette époque. La peinture l’inspire et en particulier celle des paysages de montagnes et d’eau chers aux lettrés. Les blocs sculptés évoquent un microcosme, le plus souvent celui d’un flanc de montagne peuplé ou non d’animaux ou de quelques êtres humains, d’un lohan méditant ou bien d’un taoïste en quête d’immortalité. Un paysage tourmenté, creusé d’anfractuosités et une rivière coulant en contre-bas campent la scène du bloc sculpté du musée Guimet. Sur un piton rocheux un bélier assis, animal de bon augure, tourne la tête et exhale un souffle matérialisé dans le jade par un ruban sinueux qui s’élargit en nuages qui viennent soutenir le symbole du Grand faîte ou Taiji, de l’union du Yin et du Yang, métaphore de la dynamique cosmique universelle.