La présence du troisième oeil frontal, permet de reconnaître ici la divinité hindoue Shiva. La coiffure encadrant ce visage artificiel au modelé schématique d’un liseré net dessine une pointe aux tempes et rejoint la barbe en une ligne continue ; les lèvres et les yeux sont soulignés par une incision, alors que la barbe et les cheveux sont figurés par un léger piquetage ainsi que par de fines stries ; l’arcade sourcilière est continue et tranchante. Cette stylisation complète des visages au dessin net est propre au style du Bakheng qui couvre les dernières années du IXe siècle et le début du Xe ; elle confère aux statues une certaine froideur, et un hiératisme géométrique. L’effet final, cependant traduit la grandeur angkorienne, et dégage une expression bienveillante grâce au léger sourire accentué par une fine moustache. Cette oeuvre était destinée à la tour sanctuaire centrale d’un temple shivaïte édifié au sommet du phnom Bok près d’Angkor.

Le style du Bakheng se développe sous le règne de Yashovarman Ier (889-910), le fondateur de la première Angkor, au centre de laquelle il bâtit un temple montagne, voué au culte du linga, symbole de Shiva, le dieu le plus vénéré à l’époque angkorienne. Ce style se perpétuera jusqu’aux années 925 avant l’émergence de celui de Koh Ker favorisant le gigantisme, le mouvement, un modelé sensible et plus naturel.