Cette oeuvre nous présente une image particulière du bodhisattva Avalokiteshvara, sous sa forme féminine de Quan Âm (Guanyin). Cet aspect, très populaire en Chine voisine, est particulièrement vénéré dans le nord du Viêt-nam d’où provient cette figure. On reconnaît ce bodhisattva au costume, un ample vêtement noué sur le ventre, un manteau enveloppant les épaules et un voile sur la tête. La richesse de son ornementation constituée de rinceaux dans la coiffure, et de colliers de perles, est également héritée de la tradition chinoise. La divinité est assise avec une jambe repliée, sur un rocher aux formes déchiquetées. Les plis du tissu, les détails de son ornementation, la plénitude des formes, et le sens de l’élégance emprunt d’une grande majesté, sont caractéristiques de l’apogée de l’art bouddhique, au XVIIe siècle, dans la région de Hanoï. Cette oeuvre est exceptionnelle par la qualité de son exécution, De plus, une inscription en Chinois, rarement présente sur ce type de sculpture, accompagne cette image : « la sainte et vertueuse Quan Âm au vêtement blanc ».

Autrefois polychrome, cette oeuvre a été, dans un second temps, recouverte d’épaisses couches de laque dorée.

Vénérée dans le nord du Viêt-nam, Quan Âm est par ailleurs considérée comme une « pourvoyeuse d’enfants ».

Cette iconographie relève d’une tradition lettrée issue de la Chine du Song de nord (960-1126), et présente ainsi un bodhisattva humanisé dont l’apparence tranche avec les types tantriques de l’époque des Tang (618-907). Cette oeuvre était probablement placée dans un sanctuaire de première importance, et installée dans une des parties latérales de l’entrée du temple.