Le Buddha est représenté la tête nimbée, assis sous un dais qui épouse la courbe du panneau en ogive. Les avant-bras disparus ne nous permettent pas de connaître la gestuelle de cette figure, mais l’esquisse du mouvement et l’agencement du drapé font proposer le sceau de la prédication dharmacakra-mudrâ, ou « mise en mouvement de la roue de la loi ». L’agencement général rappelle un effet de niche similaire aux reliefs du Gandhâra, de la Chine du Nord et de Sérinde. Si le modelé du drapé, comme le traitement de la chevelure, rappellent le canon indien, le drapé s’apparente lui à une influence gandhârienne, le traitement naturaliste de plis plats et la chute verticale de la bordure du manteau en zig-zags, renvoient au premier art bouddhique de la Chine tel qu’on le voit à Yungang.
Réalisée en bois, cette figure du Buddha, sur laquelle apparaissent d’anciennes traces de polychromie, laisse apparaître dans son dos, par la grossière taille en fuseau de section cylindrique, le témoignage de la technique employée.
Ce relief de tabernacle appartenait à un triptyque original, et en constituait la partie centrale. Il faisait fonction d’autel portatif, il s’agit donc d’un monument cultuel à vocation itinérante, de plus, une cavité rectangulaire suggère une fixation de cette pièce sur un support.
Dans l’art des oasis, ce thème, diffus et occasionnel, est attesté dans la peinture et dans la sculpture, mais aussi dans la broderie. D’un classicisme apparemment conventionnel, cette image du Buddha témoigne, en fait, de la complexité du jeu d’influences occidentales et orientales en Sérinde, consécutives à l’importance du réseau d’échanges en Asie autour du VIIe siècle. Le site de Duldur-Aqûr d’où cette pièce provient est contemporain de celui de Tumshuq, où d’importantes fondations bouddhiques de la route nord avaient été érigées.