Ce bas-relief montre un bodhisattva sur un trône encadré par deux colonnes à chapiteaux d’inspiration corinthienne. Il s’agit de l’épisode où Maitreya est intronisé dans le paradis Tushita, le paradis des trente-trois dieux, avant de descendre sur terre en tant que futur Buddha. Son aspect de prince indien, les étoffes, les colliers, les boucles d’oreilles, signalent sa qualité de bodhisattva fidèle à l’iconographie bouddhiste Hinâyâna. Ses cheveux réunis en chignon caractérisent Maitreya, et sa position assise les jambes croisées, est fréquente dans l’iconographie gandhârienne. De chaque côté, deux minuscules assistants richement vêtus l’écoutent avec attention et, aux balcons, des femmes tournées vers le bodhisattva semblent lui rendre hommage. Aux extrémités, deux gardes apportent à cette scène une note militaire solennelle et plus rude, il s’agit des yavana, des étrangers recrutés pour devenir les gardes du palais. Bien que caractéristique de l’art du Gandhâra par son agencement en frise horizontale, ses colonnes à chapiteaux corinthiens qui encadrent la scène, et son faible nombre de protagonistes, cette sculpture possède néanmoins le hiératisme et la monumentalité de l’art Parthe et des styles iraniens.
Comme toutes les sculptures de l’époque, ces représentations étaient colorées. Les reliefs consistaient en plaques insérées dans les parois des édifices et fixées au moyen de tenons et mortaises.
De tels bas-reliefs recouvraient les parois des édifices bouddhiques, et devaient illustrer les épisodes de la vie du Buddha comme support à la foi du fidèle. En cette fin d’époque Kouchane, dynastie qui domina le nord de l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan, le bouddhisme a connu un très grand développement aboutissant à l’édification de nombreux monastères. La situation de ce bouddhisme Kouchane sur la Route de la Soie, contribuera à l’expansion de son iconographie jusqu’en Chine, en passant par Kucha.