Littéralement « Dragon-cochon », le zhulong est une créature magique constituée d’un corps serpentiforme enroulé autour d’un orifice, et s’achevant par une tête de porc surmontée par deux oreilles dressées, et d’une paire d’yeux ronds et d’un groin plat strié de rides. Cet être hybride reflète une société d’éleveurs et d’agriculteurs, d’où ce métissage du cochon et du serpent.
Moucheté de taches rouilles, le jade antique est une néphrite très dure que les Chinois remplaceront au 18e siècle par la jadéite. Très difficile à travailler sans outils métalliques, cette pierre doit être polie avec des poudres abrasives par usure, par friction et par rotation. Cette pierre non seulement réclame un immense labeur, mais aussi un véritable savoir-faire.
Ce matériau d’exception ennoblit l’homme qui le détient en même temps qu’il magnifie ce qu’il représente. De plus, sa pérennité favorise la transmission d’archétypes immémoriaux.
La spécificité du Néolithique chinois réside dans l’importance donnée au jade : au Nord-Est, la culture de Hongshan (3500-2500 av. notre ère) dont le site principal est Niuheliang, produira les zhulong, (tandis que le centre-est, axé autour de l’actuelle province du Zhejiang, lui, sera marqué par l’émergence de la culture Liangzhu qui trouvera son expression dans la production des cong). La mise au jour de plusieurs ensembles cohérents a révélé un stade matriarcal propre à la société Hongshan : aux cotés de zhulong figuraient des statuettes en argile représentant des femmes apparemment enceintes aux formes amples. Certains de ces vestiges furent exhumés dans des sanctuaires. Les archéologues pensent donc que ces édifices étaient consacrés au culte des déesses mères, associant fécondité et fertilité dans le but de garantir la survie de la communauté.