#UneŒuvre Table (bundai) et écritoire (suzuribako)
Cet ensemble est typique du goût de l’ère Meiji pour les décors luxueusement traités en laque d’or et d’argent.
C’est à cette époque que de nouveaux procédés sont appliqués, qui permettent d’imiter les laques maki-e réalisées à l’aide de poudres métalliques déposées sur la laque encore liquide. Le décor représente un sujet souvent traité dans la peinture : il s’agit du pont sur la rivière à Uji, sur la route qui mène de la capitale impériale à Nara. Uji était un lieu de pèlerinage bien connu. De nombreux temples et monastères s’y étaient installés, le plus célèbre étant le temple du Byodoin, érigé à l’époque de Heian (794-1185). C’était aussi un lieu de retraite et de villégiature pour l’aristocratie. Les derniers chapitres du Dit du Genji se passent à Uji ; ceci en faisait un thème tout à fait approprié pour le décor d’un mobilier destiné à l’écriture.

Il n’est pas impossible qu’un sens religieux se soit superposé à l’origine à l’évocation d’un lieu célèbre : le pont qui conduit sur l’autre rive est aussi un thème bouddhique et la roue à aube pourrait évoquer l’enseignement de la Loi, se manifestant dans le monde profane. À l’époque de Momoyama (1574-1603), ce thème a été utilisé pour la réalisation de paravents. La composition et le traitement du décor sont ici directement inspirés par ces œuvres. La reprise de ce thème traditionnel, à l’époque de Meiji, et plus particulièrement dans la seconde moitié de cette période, est l’expression d’un désir de retour à une tradition artistique et à des thèmes nationaux, au moment où se développe le courant du Nihonga (« peinture du Japon »).