Swayambhunath est l’un des sites bouddhiques les plus célèbres et les plus sacrés de la vallée de Katmandou. Édifié au sommet d’une colline, à l’ouest de la ville, ce stupa est inspiré de modèles indiens et remonte à une époque ancienne.

Selon le texte du Swayambhupurana, son origine est liée au mythe de fondation du pays, puisqu’il serait né d’un lotus immense posé sur le lac qui recouvrait alors la vallée. De la fleur s’élevait une flamme manifestant la présence du Bouddha suprême (adibouddha). Ayant taillé de son épée une brèche dans la montagne, Manjushri, le bodhisattva de la Connaissance, libéra les eaux et la vallée émergea ; la fleur devint la colline sur laquelle fut édifié le monument. Le développement du bouddhisme sous sa forme ésotérique dans le pays suscita des ajouts au stupa originel : niches orientées selon les directions de l’espace abritant des Bouddha transcendants (jina : « vainqueur [des passions] ») à la partie basse de l’édifice, yeux peints de taille colossale sur les quatre côtés de la harmika – l’élément cubique situé au sommet du dôme – symbolisant ceux du Bouddha suprême portant son regard dans toutes les directions.

Stupa votif, dit « de type Swayambhunath », Népal, vallée de Katmandou, première moitié du 18e siècle, cuivre doré, H. 24 ; L. 17,7 ; P. 17,4 cm, legs Jean Mansion (1993), MA 6002

La structure du stupa de Swayambhunath, considéré avec la colline, au Népal, comme une manifestation terrestre du mythique mont Meru, axe cosmique, inspira la réalisation de nombreux stupas miniatures, plus ou moins élaborés, objets de dévotion. Au-dessus de la double rangée de pétales de lotus, chacun des jina assis autour du stupa est identifiable à son geste : à l’est, Aksobhya, « l’Immuable », prend la Terre à témoin (bhumisparshamudra) ; au sud, Ratnasambhava, « Source du joyau », effectue le geste du don (varada) ; à l’ouest, Amitabha, « Lumière infinie », est en méditation (dhyana), les deux mains dans le giron ; au nord, Amoghasiddhi, « Celui qui accomplit les buts », esquisse le geste d’absence de crainte (abhaya). Les points cardinaux sont soulignés par les avancées de la base, redentée. Le jina du centre, Vairochana, qui forme le geste de « la fine pointe de l’Éveil » (bodhyagri), n’est visible, sur son lotus central, que lorsque la partie hémisphérique est enlevée à l’occasion de certaines cérémonies. Les yeux gravés sur la harmika sont surmontés de treize parasols de taille décroissante, évoqués par des anneaux superposés, et d’un joyau en cristal de roche. Cet objet de qualité, emblématique de l’architecture bouddhique du Népal, est l’une des deux pièces népalaises du legs Jean Mansion, comportant plus de cinquante œuvres peintes et sculptées, essentiellement tibétaines.

Source : Notice rédigée par Nathalie Bazin pour le catalogue de l’exposition Bouddha, la légende dorée, Editions MNAAG / Liénart, 2019