Datant du 15e siècle, cette vue de campagne aux falaises découpées dégage une mélancolie sous-jacente qu’accentue encore plus le contraste des encres.
Une vision d’un monde où le village se perd, comme toute personne humaine, comme la pagode au loin, écrasée par les dimensions vertigineuses des reliefs escarpés, la toute-puissance d’une Nature sauvage, décrite à l’état brut, avec sa respiration chaotique. Cette peinture semble dater de l’époque Ming (1368-1644), même si elle se réfère à la manière des Song (12e-13e siècle) dans le style de Guo Xi. Elle pourrait également être coréenne et la question se pose de son attribution, à voir sa facture, son thème ou même son montage japonais. Une peinture coréenne n’est pas en effet une simple copie d’une peinture chinoise. L’approche est différente, souvent plus réaliste, moins cérébrale, plus sensible et visuelle.

Or, ce type de paysage eut la faveur de la Corée Choson, aux 15e-16e siècles, sur le modèle des Ming. On y retrouve le même silence , la même simplicité dans la composition, le même souci de profondeur et d’un point de vue unique, le même côté lyrique enfin, avec ce goût pour des paysages de montagnes à la ligne abrupte, acérée et tranchante, qui s’envolent dans les airs, comme à l’assaut du ciel – un paysage très largement rêvé et qui évoque la Chine, par ses dimensions fantastiques, même si en Corée, aussi, existent des montagnes en dents de scie, au profil très raide, comme les monts de Diamant, ou les reliefs du nord.