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Le terme de Coromandel fait référence à la côte orientale de l’Inde où les spectaculaires paravents laqués chinois étaient acheminés avant d’être embarqués sur les navires de la Compagnie des Indes à destination de l’Europe.
Du point de vue de la technique, ces œuvres souvent monumentales, étaient réalisées à partir de panneaux de bois assemblés et enduits, avant d’être laqués selon un procédé connu en Chine sous le nom de kuancai (« [laque] évidé et polychromé »). Ce dernier consiste à inciser profondément le fond de laque uni – généralement brun ou noir –, en évidant complètement certaines zones qui reçoivent par la suite un décor polychrome, parfois rehaussé de dorure, réalisé en divers matériaux : laque colorée, mastic, plâtre mais parfois aussi en nacre.

Cet exceptionnel paravent à douze feuilles présente un motif de paysage dans lequel on peut admirer huit grues parmi les pins, sous un ciel empli de nuages aux cinq couleurs. Les oiseaux, en vol, sont prêts à se poser, ou déjà au sol, dorment la tête enfouie sous l’aile, s’apprêtant à cueillir un champignon ou chantant à l’approche de leurs congénères. La sobriété et l’élégance de ce motif encadré par une simple frise géométrique met en valeur le fond de laque brun brillant. L’inscription qui figure au revers de la pièce, révèle que l’œuvre a été offerte en 1691 à une certaine Madame Gan à l’occasion de son anniversaire, et explique le choix de ce thème de bon augure, porteur du vœu de longévité parfaitement choisi.
Florine Langweil (1861-1958), marchande et collectionneuse avisée d’art d’Extrême-Orient, n’a jamais voulu se séparer de ce paravent qu’elle a conservé toute sa vie. À sa mort, elle le lègue finalement au musée Guimet qui s’était chargé de l’abriter durant l’Occupation.
A twelve-leaf folding screen with pine trees and cranes decoration
The term Coromandel refers to the east coast of India where the spectacular Chinese lacquered screens were shipped before being loaded onto the Compagnie des Indes ships bound for Europe.
From a technical point of view, these often monumental works were made from assembled and coated wooden panels, before being lacquered using a process known in China as kuancai (« hollowed-out polychrome lacquer »). This consists of making deep incisions in the plain lacquer base—usually brown or black—by completely hollowing out certain areas, which are then decorated with polychrome, sometimes gilded, decoration in various materials: coloured lacquer, putty, plaster and sometimes mother-of-pearl.
This exceptional twelve-leaf folding screen has a landscape motif in which eight cranes can be admired among the pines, under a sky full of clouds of five colours. The birds, in flight, are ready to land, or already on the ground, sleeping with their heads buried under their wings, preparing to pick a mushroom or singing as they approach their fellow birds. The sobriety and elegance of this motif framed by a simple geometric frieze highlights the shiny brown lacquer background. The inscription on the back of the artefact reveals that it was presented to a certain Lady Gan in 1691 on the occasion of her birthday, and explains the choice of this auspicious theme, bearing the perfectly chosen wish for longevity.
Florine Langweil (1861-1958), an art dealer and distinguished collector of Far Eastern art, never wanted to part with this screen, which she kept all her life. When she died, she finally bequeathed it to the Guimet Museum, which had taken care of housing it during the Occupation.