L’iconographie de ce dieu est l’une des plus spectaculaires et des plus complexes du bouddhisme tibétain.
Doté traditionnellement de neuf têtes dont la principale est celle d’un taureau, de trente-quatre bras et seize jambes, il est un dieu protecteur et tutélaire majeur, aspect farouche que revêt le bodhisattva de la Connaissance Manjushri, dans le but de conquérir Yama, Seigneur de la Mort, et d’exterminer celle-ci. C’est pourquoi le visage paisible du bodhisattva apparaît au sommet de ses multiples têtes courroucées. Manjushri, doré, siège en outre, au-dessus de lui, brandissant l’épée qui tranche l’ignorance.

La puissance de Mahavajrabhairava est ici rehaussée par la technique employée. Deux genres sont, en fait, conjointement utilisés sur cette œuvre à la composition très dense et d’une intensité saisissante : la peinture à l’or (serthang), très abondant ici, et la peinture noire (nagthang). Exécutés sur toile ou sur soie pour les plus précieux, les thangka à fond noir rehaussent l’aspect onirique et fantastique des déités tutélaires et protectrices figurées elles, à l’or. Celles-ci obéissent néanmoins à des canons iconographiques précis. Certains de leurs aspects illustrent parfois les visions de grands maîtres religieux. La représentation à l’or du dieu et des flammes qui l’entourent se détache ici sur un fond de montagnes noires. Selon la tradition, Mahavajrabhairava dissipe l’obscurité née de l’erreur. Par son style, l’œuvre évoque la production relevant du bouddhisme tibétain en Chine, sous le règne de Qianlong (1736-1796).