Le sous-continent indien, l’Inde tout particulièrement, apprend l’invention du daguerréotype par la presse britannique peu après l’annonce faite à l’Académie des sciences à Paris le 19 août 1839, séance au cours de laquelle l’État français fait don du procédé à l’humanité.
Les archives attestent de l’existence de plusieurs daguerréotypistes durant la décennie suivante mais l’absence de témoignages sur leur activité ne permet pas de procéder à une reconstruction détaillée de leur carrière. A contrario, les années 1850 paraissent décisives pour l’essor de la photographie en Inde. Madras et Calcutta sont les foyers du développement d’une communauté photographique, aidés en cela par la présence britannique dont le gouvernement soutient de grandes campagnes de prises de vues afin de constituer une documentation archéologique et ethnologique sur le pays.

Parmi les grands noms de la photographie de cette époque, on trouve le topographe Frederick Fiedbig, le docteur John Murray, l’officier Linneaus Tripe, Felice Beato et enfin Samuel Bourne et Charles Shepherd. Cette essor de la photographie à partir des années 1850 est également redevable aux nombreux photographes indiens, dont le plus célèbre, Lala Deen Dayal, rivalise avec les plus grands professionnels étrangers.
Ce portrait du maharajah de Tehri fut réalisé par Lala Deen Dayal. D’origine indienne, il fait des études d’ingénieur mais se consacre à la photographie dès 1864. Il entre au gouvernement d’Indore en 1866 comme estimateur et dessinateur. Ses photographies sont remarquées par le maharajah Tukoji Rao II, grâce auquel il reçoit des commandes de la part de maharajahs et de gouverneurs britanniques. En 1868 il fonde son studio, Lala Deen Dayal & Sons, et photographie les temples et palais indiens. Un peu plus tard, dans les années 1870, il établit son atelier à Secunderabad, Bombay et Indore. Il photographie la visite du prince et de la princesse de Galles en 1875-1876. Dans les années 1880, il voyage en compagnie de sir Lepel Griffin à Bundelkund et prend les photographies architecturales et archéologiques qui sont regroupées dans l’ouvrage Famous Monuments of Central India. En 1885, il s’établit à Hyderabad, devient photographe officiel de la cour de Nizam VI, qui lui donne le titre de « raja », et fonde le studio Raja Deen Dayal & Sons. Cette même année, il est nommé photographe officiel du gouverneur général d’Inde, ce grâce à quoi il photographie la reine Victoria en 1887. Vers 1905-1906, il accompagne à nouveau la visite en Inde du prince et de la princesse de Galles, dernier témoignage de sa carrière de photographe.