Les représentations de Rabi’a al-Basri, considérée comme l’une des plus grandes mystiques de l’islam, sont quasi inexistantes dans la peinture indienne des 16e et 17e siècles.
Au 18e siècle, en revanche, les peintres moghols ont fréquemment représenté les saints soufis Ibrâhîm ibn Adham et Rabi’a al-Basri – qui vécurent tous deux au 8e siècle -, visités par des anges dans le désert, qui veillent sur eux et leur apportent à boire et à manger. Particulièrement populaires dans l’école de Lucknow, ces représentations des deux grands mystiques dérivent curieusement, l’une comme l’autre, d’une imagerie chrétienne subtilement réinterprétée et, dans le cas de Rabi’a al-Basri, sont directement inspirées de gravures européennes figurant Marie-Madeleine pénitente.
La sainte soufie Rabi’a al-Basri visitée par les anges, Inde, Lucknow, école moghole provinciale, vers 1780, gouache et or sur papier, 25 x 17 cm, achat, 2014, MA12672
La page est exceptionnelle par son sujet : il s’agit d’un « portrait » d’une femme et d’une mystique, détrompant là quelques images toutes faites sur l’Islam. Rabi’a de Basra, plus connue sous le nom de Rabi’a al-‘Adawiya (morte en 801 de notre ère) nous a laissé quelques vers célèbres, rédigés en arabe, où elle exalte son rapport à Dieu, l’Aimé de sa poésie.
« Mon repos, ô frères, est dans ma solitude,
Mon Aimé est toujours en ma présence. »