Ce bas-relief est l’un de ceux qui ornaient le couloir entourant le sanctuaire d’un temple dans un monastère bouddhique près de Toumshouq, une ancienne ville située au bord du Tarim, le long de la voie terrestre nord de la route de la Soie. Ces reliefs ont été recueillis en même temps que des sculptures en terre crue, sur le site d’un monastère découvert en 1906 par le sinologue Paul Pelliot, alors mandaté par l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres pour mener une mission d’exploration en Asie centrale.

Illustration de l’une des vies antérieures du Bouddha : Shankhacharya Avadana, Chine, Xinjiang, Toumshouq (Toqquz-sarai), couloir intérieur du grand temple B, 6e – début du 7e siècle, terre séchée, mission Paul Pelliot, 1906-1909, EO 1057

Ils illustraient en de grands panneaux séparés par des pilastres, un peu à l’image d’une bande dessinée, des scènes édifiantes des vies antérieures (jataka) ou « exploits » (avadana) du Bouddha historique, offertes à la vue des fidèles qui faisaient la déambulation rituelle autour du sanctuaire. Ces vies antérieures du Bouddha rappellent, dans la conception cyclique des renaissances, la progression sur la voie de la délivrance du futur Bouddha au cours de ses multiples réincarnations animales ou humaines (cinq cents ou cinq cent cinquante selon les traditions).

La figuration du prince, entouré ici de deux divinités célestes et portant sur sa tête un nid abritant deux oiseaux, évoque l’avadana de Shankhacharya, récit exaltant le profond respect de toute vie prôné par le futur Bouddha. Ce récit, que l’on connaît grâce aux sources chinoises et dont les seules illustrations ont été retrouvées en Asie centrale raconte comment, alors que ce dernier était plongé dans une profonde méditation, des oiseaux nidifièrent sur son chignon « en forme de conque » (shankha). Il aurait alors fait le vœu de rester immobile jusqu’à ce que les oisillons éclosent et soient capables de voler.

La similitude des visages et des parures (rosettes) s’explique par le fait que ces reliefs ont été réalisés à l’aide de moule, pratique alors très courante dans ces régions d’Asie centrale où le bouddhisme était florissant et où l’importante demande en images didactiques a induit une production sérielle.