Dieu tutélaire et important protecteur des enseignements dans le bouddhisme tibétain, Hayagriva, revêtant un aspect à la fois dynamique et courroucé, figure ici en union (tib. yab-yum) avec son épouse de sagesse.
Parmi les riches développements que connaît au Tibet son iconographie, cette forme ailée en yab-yum, à trois têtes, six bras et quatre jambes, est la plus secrète et la plus saisissante. Elle est évoquée dans le Mahayoga, classe de tantra supérieurs au sein de l’ordre nyingmapa qui lui voue un culte particulier. Les extrémités subsistantes de ses ailes sont formées de pointes de vajra, conformément aux descriptions mentionnant les « ailes de diamant » de Hayagriva, et dans sa chevelure dressée, émerge la tête de cheval qui le caractérise.
Hayagriva et son épouse, Tibet méridional, fin du 15e-début du 16e siècle, cuivre doré, attributs en bronze, traces de polychromie, H. : 44 cm, achat, 2004, MA 12117
La majorité des attributs du couple divin a disparu, à l’exception du kapala que la déesse présente de la main gauche à son époux, et du bâton que tient ce dernier. L’œuvre est, néanmoins, remarquable par sa taille, ainsi que par sa perfection technique et esthétique. L’influence népalaise, à son apogée aux 15e-16e siècles au Tibet, est brillamment illustrée par l’utilisation d’un cuivre très pur, le sens du mouvement et l’abondance des incrustations de turquoises, tandis que la puissance massive des corps, l’expression des visages empreints d’une intensité nouvelle témoignent, quant à eux, d’un art original parvenu à sa pleine maturité.