Samiro Yunoki est né le 17 octobre 1922 à Tokyo dans le quartier de Tabata, très fréquenté par les artistes et les écrivains. Issu d’une famille d’artistes, il s’oriente naturellement vers des études d’histoire, d’art et d’esthétique au sein de l’université de Tokyo, malheureusement interrompues par la Seconde Guerre mondiale.

Samiro Yunoki (né en 1922), Étoffe teinte au pochoir katazome, Japon, 2005, coton teint au katazome, 362 x 115 cm, don Samiro Yunoki, 2009, MA 12267

Ce n’est qu’après la guerre, en 1946, que Samiro Yunoki, démobilisé, rejoint le musée Ohara à Kurashiki dans la préfecture d’Okayama, lieu de naissance de son père et important centre de l’école Mingei (abréviation de minshuteki kogeï, signifiant « artisanat » ou « art populaire »). C’est à ce moment qu’il commence à s’intéresser au travail sur textiles de Keisuke Serizawa (1895-1984) ainsi qu’au Kogei no michi (« techniques artisanales ») de Soetsu Yanagi (1889-1961). Serizawa, avec ses amis potiers Hamada et Xawai ainsi que le graveur Munakata, fait partie des membres fondateurs du mouvement pour le renouveau de l’art populaire, animé par le pionnier Yanagi. En 1947, Yunoki devient l’élève de Serizawa et se spécialise alors dans l’art textile et plus particulièrement la teinture. C’est Serizawa qui lui apprend à appliquer les pochoirs et la pâte de riz afin de réaliser des teintures en réserve (katazome).

Le katazome, littéralement « teinture à partir d’une forme » (de kata, « forme », et zome, « teinture »), désigne plus largement la technique de teinture par réserve au pochoir. L’origine du katazome remonte à l’époque de Nara (710-794) mais c’est à la fin de l’époque Heian (794-1185), que le système de planches utilisé jusqu’alors fut remplacé par du papier. Le pochoir (katagami) est fabriqué à partir de papier d’écorce de mûrier (kozo) traité avec du jus de plaqueminier (kaki). Le tissu à teindre est étendu sur de longues planches ; de la colle de riz (résistante à la teinture) y est étalé avec une spatule en bois à travers le pochoir. Une fois la pâte obtenue séchée, on procède à la teinture, le plus souvent à l’aide d’un pinceau.