Ce Bouddha est aisément reconnaissable aux marques particulières (les trente-deux signes) que possède, disent les textes sacrés, ce « Grand Homme ».
Parmi ces marques – la chevelure bouclée, la protubérance crânienne, le corps ayant « la rotondité d’un banian », « les aisselles remplies » ou les bras allongés – figurent au premier rang des particularités que les artistes de Sukhothaï cherchèrent à transcrire en ronde-bosse. En outre, ce grand Bouddha en bronze offre un exemple caractéristique – et très rare en Occident pour une œuvre de cette taille – de l’iconographie la plus innovante et la plus originale de l’art thaï de cette époque. Le Bienheureux est en effet représenté en mouvement, en train de marcher, selon un principe plutôt inhabituel dans l’art bouddhique.
Bouddha marchant, Thaïlande, art thaï, style de Sukhothaï, vers le XVIe sièclé, bronze, H. : 178 cm, achat, 2005, MA 12137
Cet aspect peut être interprété diversement. Certains y voient une évocation d’un épisode de la vie du Bouddha au cours duquel il serait redescendu du Ciel des Trente-Trois dieux. Celui-ci s’y était rendu afin d’enseigner la doctrine à sa mère, re-née parmi les dieux nous disent les textes. D’autres traditions considèrent ces images comme une simple représentation du Bouddha laissant son empreinte sur le sol. On sait que ses pas « font se niveler le sol et naître des lotus ». Le culte des empreintes des pieds du Bouddha figure d’ailleurs parmi les plus anciennes manifestations de la présence du Bouddhisme en Asie du Sud-Est.
Quoi qu’il en soit, ce bronze pourrait se situer aux alentours du 16e-17e siècle, notamment en ce qui concerne le traitement du visage et du costume dans lequel est sensible l’art d’Ayutthaya. Bien que l’image relève, dans l’ensemble, des traditions artistiques de l’époque de Sukhothaï (14e-15e siècle).