La décoration de cette porcelaine, synthèse des esthétiques islamique et chinoise, présente des motifs végétaux d’inspiration chinoise cernés, suivant la tradition islamique, d’un tracé net qui géométrise les formes.

Plusieurs inscriptions en langues arabe et persane, en relation avec l’usage de l’objet, ornent cette boîte : sur le couvercle, on peut lire « Recherchez la perfection en calligraphie car c’est l’une des clés de l’existence », sur les côtés « La science est une douleur bonne et précieuse » et « L’ignorance est une douleur violente et sans remède ». Toutes renvoient à la longue tradition des adages dont un des plus célèbres exhorte celui qui le lit à la « recherche de la science, fusse jusqu’en Chine ». Sous la base de la boîte se trouve une marque impériale rédigée en caractères chinois.

Boîte écritoire, Chine, fours de Jingdezhen (province du Jiangxi), dynastie Ming (1368-1644), marque et règne de l’empereur Zhengde (1506-1521), porcelaine au décor bleu de cobalt sous couverte, 11,5 x 24 x 13,5 cm, donation Ernest Grandidier, 1894, G 4558

Sous la domination de la dynastie des Yuan (1279-1368), branche dominante de la confédération mongole qui règne alors aussi sur l’Iran, les premiers bleu et blanc chinois font usage d’un minerai de cobalt de grande qualité importé d’Iran. Il est posé à même la pâte, y pénètre, ne permettant aucune reprise, et confère au décor un effet de contour légèrement trouble qui en fait toute la délicatesse. Les compositions géométrisées, le traitement linéaire et très décoratif perdurent au début de la dynastie des Ming (1368-1644), ne s’infléchissant que doucement vers le naturalisme.

Les pièces à inscriptions arabes et persanes produites sous le règne de Zhengde n’ont sans doute pas été faites pour l’exportation. L’appareil d’état impérial chinois est pénétré de lettrés musulmans chinois appartenant à l’ethnie des Hui. Ils sont nombreux à maîtriser outre l’arabe le persan, langue par excellence de la chancellerie. Implanté dès la dynastie des Tang (618-907) par l’intermédiaire des marchands arabes, l’islam amène en Chine une élite musulmane notamment présente dans les rangs des eunuques du palais impérial sous la dynastie de Ming. Aussi ont-ils pu être les destinataires de ces objets, principalement des objets de lettrés (écritoires, pose-pinceau, chandeliers, écrans de table).