Ces deux grands disciples de Shakyamuni en marbre blanc semblables à des statues-colonnes sont caractéristiques de la statuaire Sui et devaient encadrer une image du Bienheureux.

Ananda et Kashyapa, disciples du Bouddha Shakyamuni, Chine septentrionale, Hebei (?) ; époque Sui, fin du 6e siècle – début du 7e siècle, marbre avec traces de polychromie, H. 110 ; L. 32 ; P. 16 cm – H. 109 ; L. 34,5 ; P. 18,5 cm, achat 1937, AA 191 et AA 192

Ananda est connu comme le disciple préféré de Shakyamuni, caractérisé par sa douceur, son humilité et sa dévotion ainsi que par son intelligence et sa mémoire parfaite de la doctrine. C’est lui qui recueillit les dernières paroles du Bouddha avant son parinirvana et qui transmit son enseignement lors du premier concile. Il y plaida aussi en faveur de l’acceptation des femmes dans la communauté. Il est figuré jeune par opposition à son « pendant » Mahakashyapa, représenté selon l’usage âgé et austère, incarnant la rigueur ascétique. Ce dernier assure avec Ananda la transmission du bouddhisme après le parinirvana de Shakyamuni : il est celui dont il fallut attendre le retour pour procéder à la crémation et allumer le bûcher et c’est lui qui convoqua à Rajagriha le premier concile afin de protéger la Loi et la discipline. Il est aussi celui dont la forme corporelle doit être préservée jusqu’à l’incarnation sur terre du futur Bouddha Maitreya (auquel il doit transmettre la robe remise par Shakyamuni en gage de sa reconnaissance comme son successeur).

Ananda et Mahakashyapa sont ainsi les disciples personnels de Shakyamuni garants de la Loi bouddhique (le Dharma) et ils apparaissent régulièrement dans les figurations de prédication du Bouddha (d’abord de Shakyamuni, mais aussi des autres Bouddha, Amitabha, Vairocana…), l’encadrant aux côtés de deux bodhisattva.

Ils participent ainsi en Chine à partir du 6e siècle à des groupes désormais constitués de cinq figures matérialisant l’enseignement de Shakyamuni prêché dans le Sutra du Lotus de la Bonne Loi, qui intègre en un seul les « trois véhicules », des shravaka, des pratyekabouddha et des bodhisattva comme l’explicite la parabole de la maison en feu.

Comme garants de la perpétuation de la Loi, ils préfigurent aussi les images de ces saints bouddhiques que sont les arhat.