Le Taj Mahal, tombeau d’Agra construit par le souverain de la dynastie moghole – musulmane – Shah Jahan (1627-1657) pour sa concubine préférée, Mumtaz Mahal, est, pour le monde entier, le monument paradoxalement emblématique d’un pays majoritairement hindouiste.
L’œil occidental fit pendant des siècles une lecture de l’architecture du Taj Mahal empreinte d’un classicisme qui lui était familier, d’une symétrie toute versaillaise. Ainsi nous le restituent les premières descriptions du monument dues au Français François Bernier, contemporain du Grand dessein de Louis XIV, et médecin à la cour du souverain Awrengzeb, fils et usurpateur de Shah Jahan.
Sur cette photographie anonyme, à l’inverse on est frappé par la composition résolument asymétrique qui désacralise l’édifice. Au premier plan apparaissent un amas de ruines de briques et un bâtiment secondaire de grès rouge, le cours de la rivière ; un bosquet d’arbres sombres forme un contrepoint au premier plan accentuant la blancheur du marbre; la silhouette bulbeuse du dôme de marbre blanc semble immatérielle, dissoute par la lumière sur le ciel laiteux. Elle domine pourtant dans le jeu des profils alternées des dômes secondaires, des chattris – les petits édicules à colonnettes sur son toit-terrasse –, et des minarets fuselés. Le Taj Mahal est le 2ème mausolée intégralement réalisé en marbre blanc après le tombeau du vizir Itimad al-Dawla, père de Mumtaz Mahal. Ce dernier est construit à peu de distance, tourné également vers la rivière Yamuna, qui forme, avec le Taj et le Fort rouge, un des paysages scéniques et urbain les plus impressionnants qui ait été composé dans cet âge moderne.

Le Taj Mahal est établi sur un plan dit « en huit paradis », issu du monde iranien, et qui met en exergue la coupole, point d’orgue de la composition, apportant majesté et équilibre à l’ensemble.
Temps de pandémie oblige l’Inde a fermé tous ses monuments, dont le plus fameux d’entre eux : le Taj Mahal.