Isaac de Camondo (1851-1911) est né dans une famille juive installée à Constantinople. Plusieurs membres de la famille s’installent à Paris à la fin du Second empire parmi lesquels Isaac, son père Abraham Behor et son oncle Nissim.

Travaillant dans la banque et la finance, les Camondo jouissent d’une fortune importante générée par la banque familiale dont le siège est à Constantinople et par des placements financiers judicieux. Les frères Camondo acquièrent des terrains dans le quartier du parc Monceau où ils font aménager chacun un somptueux hôtel particulier.

Isaac travaille pour la banque familiale et pour de nombreuses autres institutions bancaires françaises, espagnoles, ottomanes… Ses goûts personnels le portent vers la musique plus que vers la gestion de sa fortune. Installé rue Gluck, face à l’Opéra, mélomane, il compose lui-même de nombreux morceaux dont un opéra, Le clown, d’après un livret de Victor Capoul. Il sera actionnaire de l’Opéra-comique, soutiendra le palais Garnier et le théâtre des Champs-Élysées à sa fondation.

Isaac est aussi un collectionneur, comme son oncle Nissim. Son appartement de la rue Gluck regorge d’œuvres variées : sculptures médiévales et renaissance, objets d’art des 16-18e siècles. Il possède une très riche collection de peintures occidentales, plus particulièrement du 19e siècle : Delacroix, Corot, Millet y sont superbement représentés, comme les maîtres de l’impressionnisme Manet, Monet, Renoir, Cézanne, Degas. Isaac est éclectique et touche à tous les domaines. Dès 1874, il s’intéresse à l’Asie et accumule un magnifique ensemble d’œuvres japonaises, laques, céramique et sculptures et l’une des plus importantes collections d’estampes de son temps.

Il offre ses collections au Louvre en plusieurs étapes : 1893, 1903, 1906, le reste entrera à sa mort dans les collections nationales. Ses œuvres asiatiques sont depuis 1945 conservées au MNAAG, parmi elles les estampes et quelques pièces uniques comme le grand vase rituel de la Chine archaïque dit « éléphant Camondo », un des chefs-d’œuvre du musée.

Les Camondo ont tous collectionné et les trésors rassemblés par Moïse de Camondo, cousin d’Isaac, constituent aujourd’hui le musée Nissim de Camondo propriété de l’Union centrale des arts décoratifs.

Nissim de Camondo, fils de Moïse, meurt pour la France lors de la Première Guerre mondiale. 

Sa famille disparaît, jusqu’au dernier, dans les camps d’extermination nazis.