Le 28 juin 2017, en présence de l’auteur, du traducteur, du jury, des membres du comité de sélection interne au musée et de nombreux invités, le premier Prix Emile Guimet de littérature asiatique était remis à Delhi Capitale de Rana Dasgupta, publié aux éditions Buchet Chastel et traduit de l’anglais par Bernard Turle.
Quelques neuf mois plus tard et fort de l’enthousiasme suscité par un début prometteur, le musée, par l’annonce des livres sélectionnés inaugure officiellement le lancement du second Prix Emile Guimet de littérature asiatique.
Le menu littéraire de cette année se compose de six romans, pour autant de saveurs différentes.
Où commencer si ce n’est par le riz, cette céréale ô combien cruciale qui trône sur le drapeau de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-est et qui finalement unit dans sa logique un continent abritant sous la même dénomination arbitraire des pays aussi différents que le Pakistan et la Corée.
La colère de Kurathi Amman de Meena Kandasamy
Le riz donc, ou plutôt les cultivateurs sans terre de la région du Tamil Nadu sont l’objet du roman La colère de Kurathi Amman de Meena Kandasamy, traduit de l’anglais Carine Chichereau et publié chez Plon. Relatant des événements s’étant déroulés en 1968, l’auteur, d’une plume particulièrement caustique et glaçante alterne les points de vue de chaque protagoniste impliqué dans les tragiques répressions des mouvements paysans de l’époque.
Au Soleil Couchant de Hwang Sok-yong
Dans Au Soleil Couchant de Hwang Sok-yong publié chez Picquier, traduit du coréen par Choi Miyung et Jean-Noël Juttet, ce n’est pas au riz que l’on s’intéresse mais à un élément tout aussi consubstantiel de la vie : l’habitat à travers les questions d’architecture, de modernisation et d’expropriation. Par un hasard de l’existence, un homme riche et comblé, architecte ayant considérablement remodelé le pays se met à reconsidérer tout son parcours.
Les mensonges de la mer de Nashiki Kaho
Pour Akino, étudiant en géographie humaine au début des années 1930, il n’est pas tant question de questionnement sur son parcours personnel que de mesurer ce qui a été perdu. Dans Les mensonges de la mer de Nashiki Kaho publié chez Picquier et traduit du japonais par Corinne Quentin, entre ruines de monastère et contemplations muettes, déambulations et explorations d’Akino menées sur une île japonaise isolée tissent un lien subtil entre l’homme et son milieu.
Le magicien sur la passerelle de Wu Ming-yi
Succession de récits proches d’un certain réalisme magique tous centrés sur la personne d’un illusionniste régnant en maître entre les bâtiments Amour et Confiance du marché de Chunghua mais également portrait d’une certaine symbiose urbaine dans le Taipei de la décennie 80, Le magicien sur la passerelle de Wu Ming-yi, publié chez L’Asiathèque et traduit du chinois par Gwennaël Gaffric offre une plongée dans les affres et les aspirations de la jeunesse taïwanaise.
Le jeu du chat et de la souris de A Yi
La chinoise de jeunesse, n’est pas la moins tourmentée et par désœuvrement voilà qu’un jeune adulte tue de trente-sept coups de couteaux sa camarade, radieuse et charmante jeune fille. Le jeu du chat et de la souris de A Yi, publié chez Stock et traduit du chinois par Mélie Chen est le récit absorbant d’une préparation, d’une fuite et surtout d’un malaise sociétal particulièrement troublant.
Le prisonnier de Omar Shahid Hamid
De la complexité de la société il est également questions dans Le prisonnier de Omar Shahid Hamid, publié chez Les presses de la cité et traduit de l’anglais par Laurent Barucq. Mais à travers la course contre la montre menée par Constantine D’Souza pour retrouver un américain kidnappé devant être exécuté le jour de Noël, c’est le fascinant enchevêtrement des strates du pouvoir et des tensions religieuses au Pakistan que l’on découvre.
De ces six romans, un seul sera le récipiendaire du Prix Emile Guimet de littérature asiatique 2018. Rendez-vous le 15 juin dans vos meilleures librairies.