En janvier 2016, le musée national des arts asiatiques –Guimet, à Paris, déposait au musée national du Cambodge, à Phnom Penh, une tête pour compléter le corps d’une sculpture d’Harihara conservée au Cambodge. Aujourd’hui, le MNAAG et le musée national du Cambodge poursuivent cet échange de dépôts, et le musée français reçoit le piédestal d’une sculpture dont, jusque là, il ne conservait que le corps.
LA « DANSEUSE DE KOH KER »
Cette statue date du deuxième quart du 10e siècle et représente la divinité Uma en train de danser. Découverte à Koh Ker par la mission de Louis Delaporte en 1873 au temple Prasat Kraham (temple rouge), cette sculpture compte parmi les chefs-d’oeuvre du musée : la « Uma dansante » ou « danseuse de Koh Ker » a fasciné Rodin lors de sa découverte en France. Cette sculpture est le seul exemple conservé au musée de représentation de divinité en mouvement et exécutée en pierre (plus précisément en grès). C’est ce sens aigu et maîtrisé de la représentation du mouvement qui fait l’originalité particulière de l’art de Koh Ker.
Grâce aux photos d’Henri Parmentier prises dans les années vingt et à une investigation sur place, Eric Bourdonneau de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) a pu reconstituer en 2009 l’ensemble statuaire qui prenait place dans le temple Prasat Kraham, et sauvegarder au musée de Phnom Penh certains éléments du site, dont le piédestal de la danseuse. C’est ainsi que la « danseuse de Koh Ker » retrouve ses chevilles, ses pieds et son piédestal, après près de 145 ans de séparation.
Une petite exposition dossier accompagne le retour de la danseuse de Koh Ker dans la cour khmère. Elle retrace l’histoire de la découverte de la sculpture.
LES DEPÔTS ENTRE LA FRANCE ET LE CAMBODGE
La France et le Cambodge entretiennent, de longue date, une coopération visant à la valorisation des biens culturels cambodgiens. Le musée national du Cambodge de Phnom Penh et le musée national des arts asiatiques – Guimet travaillent, depuis 2014, à ce dépôt croisé qui trouve enfin son aboutissement. Une convention quadripartite, entre le Service des musées de France et le musée national des arts asiatiques – Guimet d’une part, et le Ministère de la Culture et des Beaux-Arts et le musée national du Cambodge d’autre part, avait été signée pour encadrer ces dépôts consentis par le MNAAG en échange d’un autre dépôt du musée de Phnom Penh. Ne s’agissant pas de « restitutions » mais de dépôts de trois ans à reconduction tacite, les fragments déposés restent la propriété des musées respectifs. Ce dépôt croisé a donc permis de réunir des pièces appartenant aux mêmes ensembles et de retrouver l’intégrité des oeuvres : une sculpture Harihara conservée au Cambodge en 2016, et désormais la sculpture de la divinité Uma conservée à Paris.