Le musée de l’Ordre de la Libération honore la mémoire de Joseph et Ria Hackin. Attaché au musée Guimet en 1907 comme secrétaire d’Émile Guimet, conservateur à partir de 1913 puis directeur, Joseph Hackin, bientôt rejoint par son épouse Marie, consacra sa vie à la recherche archéologique, notamment en Afghanistan ; il y dirigea la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA), à partir de 1924, à la suite d’Alfred Foucher.

Joseph Hackin à Begram, regardant une plaque d’ivoire – © MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier © Droits réservés
Originaire du Luxembourg, la famille de Joseph Hackin (1886-1941), industrieuse et modeste, s’installe en France ; Joseph intègre le pensionnat Saint-Pierre, à Dreux, établissement d’enseignement libre, à la pointe, où il prépare le baccalauréat, parmi cinq autres élèves. Il l’obtiendra en 1903. Il s’était admirablement préparé à l’œuvre qui devait être celle de toute sa vie : l’étude des antiquités et des œuvres d’art de l’Asie centrale.
Le cursus de Hackin ne fut pas « classique » et la probable absence du latin et du grec ouvrit, en contrepartie, les portes de son esprit à des horizons infiniment plus lointains, à des voies profondément originales. En 1907, il s’inscrit à l’École Pratique des Hautes Études, il s’y forme au tibétain et au sanscrit, en obtient le diplôme en 1912. Combattant héroïque durant la Première Guerre mondiale, il arriva encore, bien que blessé trois fois, à soutenir sa thèse en 1916 ! En 1928, il épouse Marie Parmentier (1905-1941), une jeune femme d’origine luxembourgeoise, née dans la Moselle occupée par les Allemands. C’est sans doute dans un cercle que traçaient leurs communes origines qu’il la rencontre. Elle sera de presque tous les voyages de son mari, mènera des fouilles à Begram, amenant la fameuse découverte des incunables de l’ivoirerie indienne.

Ria Hackin à cheval. © MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier © Droits réservés
De la personnalité palpitante de Ria on ne fait là encore que deviner des choses : son goût pour le contact et son intérêt pour l’ethnographie à travers ses bouleversantes photographies d’Afghanistan. Quant à son métier d’archéologue, elle l’apprit probablement à l’épreuve du terrain, aux côtés de son mari, malgré les privations et la solitude de la fouille. Ria et Joseph disparurent le 20 février 1941 dans le naufrage du Jonathan Holt, torpillé au large des îles Féroé. Ils seront tous deux faits Compagnon de la Libération par le Général de Gaulle.
Retrouvez cet article dans le dernier Mag du Mnaag.
De l’Asie à la France Libre
Joseph et Marie Hackin, archéologues et compagnons de la libération
Musée de l’Ordre de la Libération
Du 15 juin au 16 septembre 2018
Photo d’ouverture : Monsieur et Madame Joseph Hackin devant leur Ford Photo © MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais / Thierry Ollivier © Droits réservés