Le bouddha présente ici sur les deux côtés de sa robe des scènes figurées en relief. Devant, depuis les épaules jusqu’aux chevilles, deux apsara (nymphes célestes), le soleil et la lune, un bouddha dans un palais sur une montagne dont la base est enserrée par deux dragons entrelacés, un Paradis bouddhique symbolisé par un bouddha assis entre deux bodhisattva sous un pavillon, une scène de tonsure et une scène dans les enfers.
Il s’agit ici d’une représentation symbolique des Trois Mondes de la cosmologie bouddhique couronnée par une vision d’un bouddha prêchant à tous les êtres y compris les dieux, en présence de tous les bouddhas, dans un paradis de la sphère du monde du Désir, le Ciel des Trente-Trois Dieux présidé par Indra sur le Mont Meru, ou bien le Ciel des Dieux satisfaits, Tusita présidé par le bouddha à venir, Maitreya.
Au dos sont figurés le juge des enfers (Ksitigarbha) sur un trône, et les Six voies de renaissance, des damnés, des âmes errantes affamées (preta), des animaux sauvages, des démons (asura), des humains et des bouddhas.
Cette représentation manifeste la qualité de ce bouddha particulier qui révèle les phénomènes des mondes spirituels et matériels et qui a fait le vœu de libérer tous les êtres conditionnés par le désir, depuis les dieux eux-mêmes, jusqu’à ceux des conditions douloureuses (damnés, fantômes et animaux) et de leur permettre d’échapper à l’infortune de la mort et de la renaissance. C’est Mahavairochana l’« Illuminateur », tel qu’il est décrit dans l’Avatamsaka-sutra, double métaphysique et transcendant de Shakyamuni (Vairochana est aussi l’épithète de Shakyamuni) qui incarne les qualités de tous les bouddhas et qui permet à toute créature d’atteindre la libération par la lumière pénétrante de la connaissance universelle.
À ce titre, il concentre les métaphores lumineuses : de ses paumes et de ses genoux, de ses orteils, de ses pores il émet des centaines de milliers de billions de rayons de lumière ou des nuages de flammes parfumées, ardents, qui éclairent tout l’espace, illuminant tout, pénétrant tout. Cette lumière radieuse de la connaissance peut être rendue par de l’or, ou parfois sur les peintures, par des rais ou des nuages de couleurs, autres équivalents de la lumière prescrits par les textes. Un anneau au dos indique qu’un nimbe auréolait sans doute initialement la figure radieuse.