Marc Riboud a toujours aimé photographier les foules. Foule des dockers en grève à Liverpool en 1954, foule des spectateurs des jeux de rue à Pékin en 1957 et ici, foule d’enfants à la sortie d’une école du Nord Vietnam en 1969. Tous dévisagent le photographe, étonnés, curieux, méfiants, peut être inquiets, quelques-uns souriants.

Marc Riboud (1923-2016), À la sortie de l’école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969, épreuve ultérieure gélatino-argentique, Fonds Marc Riboud au MNAAG

C’est dans le Vietnam en guerre que Marc Riboud est venu photographier, témoigner. Il n’est pas un photographe de guerre, il a toujours été plus « attiré par la beauté que par la violence et les monstres ». Ici au Nord, comme il le fera au Sud, il s’intéresse à la façon dont les Vietnamiens vivent, survivent, y compris les plus jeunes. Il photographie cette fillette qui vend des petites répliques d’avions MIG pour gagner quelques sous, ces enfants qui vont à l’école munis de chapeaux et de vestes de paille censées les protéger des mines.

S’il n’aimait pas l’étiquette de « reporter », au Vietnam Marc Riboud s’est fait journaliste. En 1967 lors de son premier séjour, il photographiait les jeunes recrues américaines partant bombarder le Nord Vietnam depuis leur porte-avion, comme on accomplit un labeur quotidien. Cette photographie des écoliers sera publiée en 1970 en couverture du troisième livre de Marc Riboud, Face of North Vietnam, publié aux Etats-Unis par un éditeur courageux, Aaron Asher. Les regards des enfants semblent accuser les décideurs d’une guerre à l’autre bout de la planète, une guerre contre une population dont ils ignorent le visage.