Le 26 juin, en présence de l’éditeur, du jury, des membres du comité de sélection interne du musée et de nombreux invités, Au soleil couchant de Hwang Sok-yong a été désigné deuxième lauréat du Prix Emile Guimet de littérature asiatique. Le roman a été traduit du coréen par Choi Mikyung & Jean-Noël Juttet et publié aux éditions Picquier.
Pour le jury, à travers le portrait d’un architecte qui au soir de sa vie en tente le bilan, le roman offre la peinture d’une Corée proposant une diversité d’approches, à différentes époques, où se mêlent constructions et destructions, des êtres comme des choses et qui permet d’apprécier la subtilité d’une Asie protéiforme ainsi que la profondeur de l’âme coréenne.
Présidé par Brigitte Lefèvre, le jury a été séduit par la puissance d’évocation et la délicatesse des descriptions du roman de Hwang Sok-yong (1943-…). Pour Alexandre Kazerouni, membre du jury, le roman « lève le voile sur une Corée du Sud méconnue en France, celle des Sud-Coréens. Les images urbaines du développement économique en cette Asie lointaine, avec leurs promesses de bien-être par le commerce et l’industrie, ont volé là comme ailleurs la vedette à la parole des hommes qui ont vécu ces transformations profondes et rapides. Ce livre parle de leurs souffrances intimes, avec engagement mais sans idéologie, suivant une trame narrative très originale. (…) Ce récit empreint de tristesse mais aussi de poésie donne plus que jamais envie d’aller en Corée, non pas pour en voir les productions matérielles, anciennes et nouvelles, qui balisent la trajectoire des touristes, mais pour essayer de prolonger la rencontre humaine qu’initie ce livre. »
Au soleil couchant, présentation de l’éditeur :
« Au soir de sa vie, un homme riche et comblé se demande s’il n’est pas passé à côté de l’essentiel.
Park Minwoo, directeur d’une grande agence d’architecture, a la satisfaction d’avoir réussi sa vie et contribué efficacement à la modernisation et à l’urbanisation de son pays. Né dans une famille pauvre vivant dans un quartier misérable de Séoul, il s’est, grâce à ses talents, arraché à son milieu. L’homme célèbre et sûr de lui qu’il est devenu reçoit un jour un message d’une amie d’enfance qui l’a aimé. Les souvenirs du passé ressurgissent, l’invitant à replonger dans un monde qu’il avait oublié, peut-être renié, et à redécouvrir ce que la vie des gens dont il s’était détourné avait de dur mais aussi de chaleureux. C’est l’occasion pour lui de s’interroger sur son métier, sur la corruption qui règne dans le milieu de la construction immobilière, sur sa responsabilité dans l’enlaidissement du paysage urbain, sur la violence faite aux expropriés. »

Hwang Sok-yong / © Getty Images – Raphael Gaillarde/
Discours de réception du prix du Hwang Sok-yong :
« Le prix Émile Guimet de littérature asiatique que le Musée national des arts asiatiques octroie ce jour à mon roman Au Soleil Couchant est pour moi un grand honneur et un immense plaisir. D’abord parce qu’il est accordé par une institution prestigieuse, fondée par un amoureux de l’Asie, Émile Guimet, devenue un haut-lieu emblématique de la rencontre entre les arts et les cultures asiatiques et le monde occidental. Ensuite, parce qu’il est accordé par une institution française. La France est un pays cher à mon cœur, où j’ai résidé par le passé (c’est à Paris que j’ai écrit Princesse Bari) et où j’ai des amis très chers. La France est aussi le pays qui a fait le meilleur accueil à mes livres. C’est parfois même seulement après les avoir lus dans une traduction française que des éditeurs d’autres pays ont décidé de les faire traduire et publier chez eux. En accordant ce prix à mon dernier roman, la France illustre sa politique de défense et de promotion de la diversité culturelle comme devant être le fil rouge de la mondialisation – politique que mon pays, culturellement et linguistiquement isolé, ne peut que partager. Vous savez sans doute toute l’importance que, en Corée, on accorde au regard que portent les intellectuels et les artistes français sur nos œuvres : une récompense française est à mes yeux d’un grand prix, et je puis vous assurer que mes compatriotes, écrivains, éditeurs et lecteurs, se sentiront eux aussi honorés. Pour tout cela, je regrette vivement que, à cause de mes engagements en Corée, je n’ai pas pu faire le voyage de Paris et vous dire de vive voix ma gratitude et mon amitié.
Autre motif de satisfaction, cette récompense m’échoie dans un contexte politique et historique très particulier. Moi qui ai 75 ans, j’ai vécu toute ma vie dans un pays en guerre. 75 ans de guerre ! De vraie guerre, celle dite « de Corée », puis de « guerre froide ». Comme beaucoup d’autres de ma génération, j’ai mené une vie de combat, combat contre la dictature et contre l’injustice, j’ai connu l’exil et la prison, j’ai fait de la lutte pour la démocratie un idéal que j’ai longtemps pensé comme très difficile à atteindre. Et puis, après les manifestations à la bougie de l’hiver de l’an dernier et l’élection de Moon Jae-in à la présidence, après les Jeux Olympiques de cet hiver où les deux Corée ont défilé sous le même drapeau, après la rencontre des chefs d’État de la Corée du Nord et de la Corée du Sud à Panmunjom le 27 avril et le sommet de Singapour le 12 de ce mois, j’ai l’impression que mes vœux les plus chers sont en train de se réaliser. Les étudiants de nos universités sont désormais invités à imaginer des projets d’échanges avec leurs homologues de Corée du Nord. Cette chose si longtemps impensable devient aujourd’hui une réalité. Cela signifie à mes yeux que notre monde est en train de retrouver la raison. Je ne voudrais pas céder à l’euphorie, mais la situation présente est l’aboutissement d’une longue histoire vécue souvent dans la douleur par le peuple coréen, que j’ai tenté de refléter dans mes livres.
Car je suis avant tout un écrivain. Souvent, les journalistes m’invitent à répondre à des questions d’ordre politique, ils veulent savoir ce que je pense de la situation, si la guerre est imminente ou si la réunification est pour bientôt. Je n’ai pas toujours répugné à répondre à leurs questions, j’ai même souvent publié des chroniques ou des analyses dans la presse, mais il m’est arrivé plus d’une fois de leur dire que je suis un romancier, pas un homme politique, et que c’est de mes romans que j’aime avant tout parler, des miens et de ceux des autres. Je suis un écrivain, certes engagé dans des combats – comment peut-il en être autrement ? – mais des combats que j’ai menés avec ma plume. Et si ma plume a parfois servi à écrire des tracts ou des libelles, je l’ai surtout mise au service de l’écriture de nouvelles et de romans. Et les moments les plus malheureux de ma vie sont ceux où l’on m’a empêché d’écrire. Je retrace avec force détails mon sinueux parcours, depuis ma naissance en Mandchourie jusqu’aux temps présents dans mon autobiographie, Le Prisonnier, publiée l’an dernier en Corée, et qui paraîtra l’an prochain en traduction française.
Les écrivains sont et doivent rester la conscience, vivante et critique, de nos sociétés. À supposer que la démocratie soit définitivement acquise en Corée du Sud, comme je veux le croire, cela ne signifie nullement qu’ils peuvent désormais se retirer de la scène publique pour n’écrire plus que sur les émois du cœur ou les charmes de la vie de luxe des plus fortunés. Il y a tant de pauvreté, tant d’injustice et de méchanceté dans nos sociétés que les romanciers ne risquent pas de se trouver à court de sujets – en mal de combats. Ce n’est pas le lieu de citer tous les maux de la Corée, mais je rappellerai cependant que le pays de la très joviale et dynamique K-Pop est celui qui, de tous les pays de l’OCDE, connaît le plus grand nombre de suicides de jeunes. Cela ne peut laisser nos écrivains indifférents. Et c’est un grand motif de satisfaction, pour l’aîné que, les ans passant, je suis devenu, de voir les écrivains de la jeune génération, et parmi eux un très grand nombre de femmes, prendre le relais et offrir aux lecteurs de mon pays, mais aussi des autres pays, un miroir où se reflètent les heurs et malheurs de nos sociétés contemporaines.
La leçon que je tire moi-même du roman que vous récompensez aujourd’hui m’est apparue au fil de sa rédaction. De quoi y parlé-je ? D’un architecte qui, au soir de sa vie, tente un bilan. Il a beaucoup travaillé, il est célèbre, riche et comblé. Il a contribué activement à refaçonner le paysage urbain, à le moderniser en construisant de ces appartements comme en voit partout dans toutes les villes de Corée et dans les recoins les plus inattendus. Il a dessiné des centres commerciaux et de vastes complexes polyvalents censés répondre aux besoins de la population. Sincère et consciencieux, il était aveuglé par la certitude qu’en travaillant en étroite coopération avec les promoteurs immobiliers, les investisseurs et les autorités, il avançait dans le sens de l’histoire, de la modernité, d’un mieux-être pour tous. En se rappelant à son souvenir, une amie d’enfance l’invite à renouer avec son passé : il est lui-même issu d’une famille modeste vivant dans un de ces quartiers pauvres que les promoteurs immobiliers ont rasés pour y faire pousser des forêts de béton dont ils ont chassé, pour le plus grand profit des spéculateurs, une population laborieuse, méritante et chaleureuse. La prise de conscience de la violence faite aux pauvres, faite aussi à l’environnement, est cruelle pour cet homme, modèle de réussite professionnelle. Les souvenirs d’un passé qu’il a défiguré servent de contrepoint à sa réussite sociale, de même que la dure vie que mènent d’autres figures du roman, telle cette jeune femme, metteur en scène, qui use sa santé à travailler de nuit dans une supérette pour pouvoir, comme on dit, joindre les deux bouts. J’ai toutefois voulu éviter, dans ce livre, la simplification trop facile qui oppose les classes. L’idée de ce roman m’est venue quand j’ai vu, à la télévision, un documentaire sur Jeon Tae-il, cet ouvrier du textile qui s’est immolé par le feu dans le quartier de Dongdaemun pour protester contre les conditions inhumaines de son travail dans les années 1980. Son employeur, aujourd’hui très âgé, explique aux journalistes : Ce n’était pas facile pour moi non plus, j’avais commencé avec juste quelques machines à coudre… Je ne savais pas comment il vivait ; si je l’avais su, dit-il les larmes aux yeux, j’aurais pu être plus généreux avec lui. Ces moments de regret, jamais on ne les oublie. Ce qu’on a fait, ce qu’a fait une génération, cela poursuit les autres générations, c’est la loi du karma.
L’âge n’apporte pas l’oubli ni l’apaisement, il permet juste de voir les choses avec plus de calme, de nuances, de profondeur. Il était assis non loin de moi, me tournant le dos, dit la jeune femme qui s’apprête à rencontrer l’architecte vieillissant du roman. J’avais sous les yeux ses cheveux poivre et sel et le début de calvitie qui dégarnissait le sommet de son crâne. Sa veste se tendait sur son dos un peu voûté. Je me disais que le dos d’un homme âgé a toujours quelque chose de mélancolique. Il regardait par la fenêtre, il était tourné vers le passé… » Mes lecteurs m’identifieront peut-être à cet homme tourné vers le passé. Il est aussi tourné vers le présent, car j’entreprends d’écrire l’histoire de trois générations de cheminots coréens, le chemin de fer symbolisant la marche vers la modernité. Et je m’emploie à la réalisation d’un grand projet, un « train de la paix » qui, dans un avenir que j’espère proche, emportera une délégation d’artistes et d’intellectuels du monde entier de Paris à Pyongyang et Séoul.
Mon devoir (un karma que j’assume avec le plus grand plaisir) est maintenant d’adresser une nouvelle fois mes plus vifs remerciements à Madame Sophie Makariou, Présidente du Musée national des arts asiatiques – Guimet pour ce prix, au jury qui a distingué mon roman, à vous tous ici présents, à mes lecteurs et, bien sûr, à mes traducteurs, ces indispensables passeurs. »
Extrait d’Au soleil couchant (chapitre 6) choisi par l’auteur et lu par le comédien Loïc Mobihan à l’occasion de la remise du prix :
Avant son licenciement, il travaillait comme assistant au sein du service d’encadrement des ouvriers chargés de la démolition. Tout le monde sait parfaitement comment on procède pour raser un site visé par les promoteurs immobiliers, le grand boss bien sûr, mais aussi les ouvriers en CDI, les autres en CDD, même les journaliers mis à disposition par les agences d’intérim. Le promoteur immobilier, qui entretient des relations tentaculaires avec les directions de l’immobilier et de l’urbanisme de la ville, avec les conseillers municipaux, etc., soudoie les représentants du syndic du projet de réaménagement dans le but de réaliser le projet d’une seule traite. Ceux qui habitent les quartiers défavorisés des collines, lorsqu’ils n’ont pas les moyens de se reloger dans les nouveaux appartements qui pousseront là, doivent impérativement partir. Ceux qui ont perdu leur maison sont souvent contraints de déménager plusieurs fois. Parfois jusqu’à dix fois avant de trouver à s’installer définitivement. Certains, au bout d’un temps, ne savent plus où aller.
Avant de partir, ils fabriquent des panneaux avec les moyens du bord pour protester, ils mobilisent femmes, enfants et vieillards pour crier des slogans, mais leur résistance cède vite devant les démolisseurs qui avancent comme des extraterrestres armés de massues et de marteaux, secondés par des engins de chantier Poclain.
Autrefois, avant de raser un quartier, les promoteurs faisaient l’effort de rencontrer les habitants, de les convaincre, d’obtenir leur accord, mais aujourd’hui ils montent un syndic chargé du réaménagement qui règle tout pour eux. Avant de se mettre au travail, les ouvriers reçoivent des instructions : il ne faut pas que cela dégénère, pas d’effusion de sang, pas de violence, pas de contact physique. Mais ce ne sont que des recommandations formelles pour se mettre en règle avec la législation et rejeter toute responsabilité. En réalité, ils poussent, bousculent, renversent, insultent, injurient les protestataires, déchirent les vêtements des femmes, giflent et malmènent les récalcitrants un peu vigoureux. Les bulldozers s’attaquent d’abord aux maisons les plus décentes, ils les réduisent en poussière. Les anciens résidents opposent une résistance farouche les trois ou quatre premiers jours, mais lorsque les décombres et les gravats commencent à remplir les ruelles, petit à petit ils se résignent, ils quittent le quartier l’un après l’autre ; l’ancienne communauté des habitants est elle aussi démolie, à l’image des vieilles maisons.
Minwoo avait pour tâche de prendre place dans une maison vide pour en faire, pendant la durée des travaux de démolition, un observatoire lui permettant de surveiller le site. L’endroit était en même temps le gîte des ouvriers. D’abord couvert de débris comme s’il avait été bombardé, puis nettoyé par une ronde de camions, le site réapparaissait sous sa forme première, petite clairière minable coincée entre des tours et non plus lieu d’habitation. Minwoo passait en général un bon mois avec les ouvriers. A manger et dormir avec eux, il faisait d’eux ses amis. Il était devenu très copain avec son chef d’équipe, qui crachait des jurons entre chaque phrase, et qui avait deux inscriptions à son casier judiciaire. Parmi les employés, on distinguait les professionnels de la démolition et les gardiens. Ces derniers étaient des voyous parfaitement aguerris, qu’on dépêchait sur les sites de démolition contre les manifestants. Un jour, le chef d’équipe a demandé à Minwoo, autour d’un verre, s’il voulait savoir ce qu’était son rêve :
— C’est pas vrai ! Tu as encore des rêves ?
— J’avais un pote, que j’ai connu en taule. Il était mignon, l’air d’un gigolo. Il jouait de la musique dans un bar à hôtesses. La nuit, il dessinait au lieu de dormir. Une fois, je lui ai arraché son papier. Ça ressemblait à un plan. Je lui ai demandé ce que c’était, il m’a dit : c’est l’hippodrome de Gwacheon.
— Son rêve, c’était de gagner aux courses de chevaux ?
— Gagner, oui, mais en braquant l’hippodrome.
Une fois sorti de prison, cet ami de Minwoo n’a jamais revu son pote musicien, mais il n’avait pas oublié son projet. Alors, il s’était rendu à l’hippodrome, pour voir. Il y avait plusieurs dizaines de guichets. Chaque guichet, en fin de semaine, voyait passer des dizaines de milliards de wons. Dans chacun d’eux, il y avait une caissière et un gardien. L’entrée était protégée par un portillon électronique. Chaque fois que quelqu’un passait, le code changeait. En cas d’urgence, le portillon se fermait automatiquement. La seule possibilité, c’était de soudoyer la caissière. Il avait ajouté qu’il fallait au moins quatre complices.
— Tu vas trop au cinéma, non ? s’était moqué Minwoo.
L’autre lui avait montré plusieurs photos qu’il avait prises lui-même. Quoi qu’il en soit, Minwoo avait passé un peu plus d’un mois avec un employé qui nourrissait de grandes ambitions…
Un jour, un conducteur d’engin est venu lui rendre compte d’un problème : une famille, tout en haut de la colline, résistait encore, l’empêchant de terminer le nivellement du site. Le chef d’équipe est allé voir sur place, accompagné de quelques gardiens. La pelleteuse était arrêtée dans un jardin où elle avait fait irruption en renversant un mur. Son moteur continuait de tourner. Un vieillard s’était couché à même le sol devant l’engin. Un homme d’âge moyen se tenait à proximité avec une massue à la main, ainsi que deux femmes et trois enfants. L’un des enfants, très maigre, se contorsionnait en hurlant. Le chef d’équipe a donné l’ordre de procéder comme d’habitude :
— Il y a juste quatre adultes, sortez-les d’ici.
Pour les gardiens, il n’y avait là rien de difficile. Ils se sont approchés des rebelles sans hâte, leur disant de rester calmes, sinon ils pourraient être blessés ; résister était inutile, les choses étaient déjà faites. Tout en les chapitrant, ils les ont tirés de côté. Les femmes avaient beau se débattre, le vieillard agiter les jambes, tous ont été entraînés à l’écart. Mais l’homme, sans doute le chef de famille, opposait une ferme résistance en brandissant sa massue. La saisissant au vol, le chef d’équipe l’a arrachée des mains du forcené pour la jeter au loin. Les enfants ont suivi les adultes en pleurant, à l’exception du maigrichon, lequel s’est lancé en hurlant au-devant de l’engin dont le bras immense, déjà, amorçait une rotation. Avant que quiconque n’ait eu le temps de le mettre en garde ou de l’arrêter, il a reçu de plein fouet le bras de fer de la machine. Le frêle corps s’est envolé comme un linge dans le vent pour retomber plus loin. Le conducteur, coupant le moteur, est descendu de sa cabine. Voyant le visage en sang du garçonnet gisant sur un bloc de béton, il s’est tourné vers les ouvriers en criant :
— Vous avez tous vu ? C’est lui qui s’est jeté dessus !
La femme s’est effondrée sur le gamin en poussant des cris aigus.
— On n’a pas de chance, a dit le chef à Minwoo, appelle vite une ambulance.
Minwoo a appelé une ambulance, puis la direction de l’entreprise. Les parents du gamin s’étaient jetés comme des fous sur les ouvriers. Le gamin – handicapé mental – était mort sur le coup. Les journalistes sont venus, le chantier a été arrêté. Kim Minwoo a été rappelé à la maison mère, suspendu pendant un mois, puis licencié.